Livrets

Le Casi-UO œuvre à la création d’une culture populaire et migrante depuis toujours.
Voici les productions les plus récentes, fruits des activités et des projets menés avec différentes groupes fréquentant le Casi-UO.

le travail, mode d'emploi
au fil de la vie des habitants de la maison Grande rue 13

Ce projet voit impliqué le groupe seniors du CASI-UO, qui, avec d’autres groupes fréquentant régulièrement l’association, ont décidé, à la fin de l’année 2022, de questionner le monde du travail. L’aventure a porté à la réalisation d’une exposition et d’un livre.

Le mot “travail” est ancré dans l’histoire du CASI-UO, né dans les années 1970. L’époque est marquée par des bouleversements importants dans le monde du travail. Pour les populations immigrées en Belgique et en Europe, la défense des droits est une nécessité face à la diminution du travail industriel.

Comment comprendre la réalité du travail aujourd’hui? Quel a été l’impact de l’évolution du travail dans la vie des quartiers? Comment les cultures se sont-elles entremêlées au fil du temps?

Pour explorer ces questions, nous avons entrepris un voyage narratif, une histoire que nous avons imaginée, mais qui reflète la réalité. C’est un récit où l’expérience des participants, de leurs parents et de leur descendance, se mêle à la grande Histoire reprise dans les archives de la presse et de la littérature.

Mais comment nous y prendre? Par où commencer?

Inspirés par l’ouvrage « La vie Mode d’emploi » de Georges Perec, nous avons inventé un immeuble à Bruxelles à une adresse qui n’existe que dans notre imaginaire : « la Grande Rue 13 ». Cette maison est devenue notre héroïne, elle est témoin des vies qui se croisent, se tissent et se succèdent sous son toit de 1910 à 2023. A cheval sur réalité et fiction, nous avons situé la rue à Anderlecht, commune du CASI-UO, et aussi d’une bonne partie des participants.

Adelina, Angela, Alfonsa, Domenico, Geraldine, Giacomina, Gina, Giovanna et Pina se sont réunis d’octobre 2022 à octobre 2023 à l’atelier d’écriture. Ils ont plongé dans les archives de la presse, ont découpé, bricolé, discuté et écrit au nom des personnages. Mais aussi ils se sont enrichis des échanges avec d’autres personnes et groupes du CASI-UO pour alimenter leur réflexion.

Notre histoire commence en 1910 pour arriver en 2023!

Nos personnages vieillissent vite! Avec eux, nous avons retrouvé des temps d’enfance, de jeunesse, relu l’actualité du monde que nous connaissions, parce que nous l’avons vécu, mais que nous regardons avec plus de conscience peu-être après ce projet!

La quête du bonheur

Des ruptures, tout le monde en vit, mais quitter son pays quand on n’a pas le choix, c’est une faille particulière. Une situation vécue par les migrants italiens, mais qui est partagée depuis la nuit des temps par ceux qui vivent la pauvreté et l’exclusion sur toute la planète.

Comment nommer ces ruptures, et leurs effets ? Comment dépasser ses propres failles, et les relier à une situation plus large ? En quelques sortes, passer du Je au Nous ? En 2019, nous avons proposé à un groupe de seniors fréquentant régulièrement les activités du Casi-Uo de concrétiser cette réflexion sous la forme d’un conte.

Pourquoi un conte ? Parce qu’il est d’abord une forme d’expression populaire, et que les contes existent dans tous les pays. Une démarche qui permettait aussi d’avoir accès à un savoir littéraire, celui de raconter une réalité sous la forme d’une fiction.

Un conte part d’une tradition orale, il dit une manière de voir la vie et le monde, il y a des actions, des transformations, un déséquilibre pour aller vers une nouvelle situation. Le récit veut faire comprendre quelque chose à celui qui l’écoute.

Nous sommes allés à l’envers, nous avons commencé par écrire, ce qui a nourrit notre pensée collectivement, un écrit qui peut être raconté oralement. Un récit accessible si bien aux enfants qu’aux adultes, de toutes origines.

La particularité de ce conte, c’est qu’il s’émancipe du schéma narratif classique où il y a un début et une fin. Ici le manque continue, c’est lui qui fait avancer, c’est cette quête qui fait que la rencontre est possible avec l’Autre pour changer le monde.

Un monde qui n’est jamais parfait, il est donc toujours possible de l’améliorer.

Ensemble.

Voici l’épilogue écrit collectivement par les auteurs, une sorte de morale de l’histoire :

On a souvent peur de l’autre. On trouve des excuses en disant, moi je suis le meilleur, plus intelligent, plus cultivé… on pense qu’il va nous prendre notre place, alors on a des mots qui ferment plutôt que des mots qui accueillent.

L’accueil c’est une porte ouverte vers l’inconnu. Comment laisser la porte ouverte sans faire entrer les loups ?

Nous pensons qu’il est important de se souvenir, que l’on soit d’ici ou d’ailleurs, nous aussi nous avons été accueillis.

On a un jour partagé des repas, découvert le thé, on s’est retrouvé, on s’est écouté, on s’est regardé, on s’est souris, on s’est rencontré avec nos émotions.

Mais des perroquets magiques, il n’y en a pas partout !

L’accueil, c’est un travail collectif où chacun a sa place. Cela ne veut pas dire qu’on est toujours d’accord.

La différence, quand on l’accueille, qu’on lui donne une place, nous découvrons tellement de choses. Comment s’en passer après ?

De ces contacts humains, nous en sortons enrichis, changés, et parfois bouleversés.

Finalement, nous tournons tous autour du soleil, et nous sommes tous des voyageurs du monde. La planète, c’est notre maison.

Pourtant dans le monde, il existe encore trop de terres sans accueil.

Et s’il était possible de se rejoindre autour d’un conte ?

Passeurs d'Histoire(s)

Ce recueil, se composant de dix textes uniques et « poétiques », est le résultat du projet d’écriture que nous avons mené en collaboration avec les ateliers Mots’Art entre janvier et juin 2017 avec des seniors fréquentant assidûment l’association. A partir d’extraits de textes et d’activités artistiques, ensemble avec les participants, nous avons réfléchi à l’idée de la transmission dans la problématique de l’immigration. Que faisons-nous de ce que l’on reçoit ? Quelles sont les choses auxquelles on tient et pourquoi ? Comment cela joue-t-il dans notre vision de l’autre et du monde, dans l’adaptation au pays d’accueil ? Et comment cela interfère-t-il dans l’éducation des enfants ?

Il y a dans la notion de racine, à la fois quelque chose de solide, un repère comme un phare au loin, et quelque chose de mouvant qui se transforme avec la vie, les rencontres, les lieux de vie, les langues…

Écrire ces tranches de vie, c’est une voie qui éclaire comment femmes et hommes font la grande Histoire, dans les épreuves qu’ils traversent, par l’ingéniosité qu’ils déploient pour se créer une vie supportable, qui a aussi ses moments de bonheur.

Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter pour penser ensemble, pour écrire cette vie qui passe et qui nous travaille, que restera-t-il des savoirs, de l’expérience, de la capacité des générations d’émigrés à créer du neuf dans les réalités dures qu’elles rencontrent ?

Ce recueil, consultable au Casi-Uo, a donné le jour en 2018 à la vidéo « Quelque chose de nous ».

RegardS de femmes sur l'immigration italienne - 2016

Entre septembre et décembre 2016 nous avons débuté un premier projet d’écriture en partenariat avec les ateliers Mots’Art dans le but de recueillir des regards de femmes ayant l’expérience de l’immigration italienne en Belgique. Avec 13 participantes, nous avons cherché à décrire des situations et des personnes qui nous faisaient comprendre des aspects, des vécus d’une époque comprise entre 1950 et aujourd’hui.

Au fur et à mesure que nous avancions dans la réflexion, des petits carnets de récits personnels se sont construits. Tant d’histoires faisant sentir ce qu’ont vécu les immigrants italiens, comment ils ont réussi à dépasser les difficultés, à faire leur place en Belgique. Avec quelles audaces, et à quel prix aussi.

L’ensemble de la réflexion collective fait l’objet de ce recueil de traces, consultable au Casi-UO